• AUX SOURCES DE LA MALADIE<br> De l'écologie individuelle à l'écologie planétaire

     

    Michel Odoul, auteur, conférencier et fondateur de l'institut français de shiatsu, pose sur les racines de la maladie un regard qui dépasse la vision conventionnelle consistant à accuser systématiquement microbes et pollution. Pour lui, la maladie est une conséquence, plus ou moins immédiate et directe de la perte par les humains d'un sens moral fondateur : le respect du vivant ! A travers l'analyse de notre rapport aux animaux et à la nature en général, il constate que notre façon de penser le monde et nos comportements blessent nos corps et nos âmes, faisant en nous le lit de la maladie.

    La prévalence du « corps machine » et la négation de l'invisible et du sens des êtres manifestent leur violence insidieuse partout, et notamment dans un domaine qui n'est pas sans rapport avec notre santé : l'alimentation. Là aussi, tout est forcé, violenté, dopé. Plantes et bêtes ne sont plus rien que des machines à fabriquer de la matière nutritionnelle. Nos sociétés modernes en sont arrivées à une telle négation de l'être que nos animaux d'élevage, par exemple, ne sont plus que des usines à viande. Les méthodes d'élevage, de transport, d'abattage de l'agro-industrie sont d'une barbarie digne des époques les plus noires de l'humanité. On nourrit des herbivores avec de la viande, on enferme leurs corps, habitués naturellement à courir dans la nature, dans des cages métalliques justes assez grandes pour qu'ils puissent respirer, etc. Ces animaux ne sont-ils que des corps ? Que sommes-nous donc devenus pour agir de la sorte ? On peut parfois en arriver à se demander si ce qui différencie l'homme de l'animal c'est son âme ou sa cupidité. L'être humain a réussi à rendre agressifs des animaux aussi paisibles que les vaches et les poules, au point que l'on doive couper les cornes aux vaches et le bec aux poules dans les élevages intensifs. Nous avons réussi à les contaminer avec notre propre violence.
    […]
    Et lorsque le système dérape, comme ce fut le cas avec la « vache folle » ou pour la grippe aviaire, on immole alors sans vergogne et, pire parfois, avec fierté. Ainsi on « rassure », on montre combien on maîtrise. Quelle misère, quelle pauvreté d'âme ! Des millions d'animaux sont incinérés sur des bûchers bien similaires à ceux des grandes épidémies moyenâgeuses. Cette barbarie a choqué une grande partie de l'humanité qui n'a pas su ou qui n'a pas osé l'exprimer. Sauf les tribus massaï ! Devant le massacre généralisé des bovins en Europe, ces peuplades africaines se sont particulièrement émues du traitement infligés aux animaux. Les massaï ont manifesté leur incompréhension devant notre irrespect de la vie de ces bêtes, si importantes pour eux et par conséquent dignes de leur respect. Ils ont créé des comités de villages afin de cotiser et réunir les fonds nécessaires pour acheter le plus possible de bovins et leur éviter la fin pitoyable que nous leur infligeons. Serait-ce là une leçon d'humanité donnée par ces « sauvages » ? On peut s'interroger sur qui est le sauvage !

    En tous cas, tous nos comportements blessent la vie et par incidence nos âmes et nos corps. Notre violence barbare s'inscrit dans les vibrations du monde mais aussi dans nos chairs. Une expérience faite aux Etats-Unis à la fin des années 1960 va nous permettre d'envisager de quelle façon et à quel point les animaux ne sont peut-être pas que des corps.

    Un chercheur, le Pr.Mac Connell, s'intéresait aux « philosophies anthropophages » dans leurs fondamentaux conceptuels. Pour simplifier, dans ces cultures, on pense que si l'on mange des parties d'un corps humain, on s'appropriera les caractéristiques qualitatives qui lui sont associées. Par conséquent, si l'on mange le cœur d'un guerrier valeureux, on s'appropriera son courage. Le Pr.Mac Connell souhaitait pouvoir vérifier si, derrière ces principes empiriques et traditionnels existant encore chez certains peuples, il pouvait y avoir une parcelle de vérité démontrable. Cependant, afin d'établir un protocole scientifique cohérent, il avait besoin de cobayes permettant d'élaborer un processus expérimental, comme cela se fait avec des souris, par exemple. Il lui fallait trouver des animaux ayant un comportement « cannibale » c'est-à-dire mangeant leurs propres congénères morts et ayant, au minimum, une ébauche de système nerveux. Il finit par choisir une variété de vers qui répondait à ces critères, des vers planaires, sensibles à des stimuli comme la lumière ou la douleur. Il sélectionna une population de 100 vers planaires qu'il répartit (50/50) dans deux boîtes similaires, A et B, ouvertes sur le haut et ayant un fond métallique. Il plaça au-dessus de chacune de ces boïtes une lampe de bureau.

    Il relia ensuite électriquement le fond métallique de la boîte A avec la lampe située au-dessus, alors que le fond le boîte B restait non connecté. Ainsi, lorsqu'il allumait les lampes au-dessus des deux boîtes, la connexion à la boîte A envoyait une légère décharge électrique aux vers placés dans cette même boîte. Ces vers se recroquevillaient du fait de la douleur ressentie. Les vers placés dans la boîte B, quant à eux, ne recevaient aucun courant et par conséquent aucune douleur. Ils percevaient la lumière mais ne se recroquevillaient pas.

    Le Pr Mac Connell répéta l'opération de nombreuses fois afin de créer, chez les vers planaires placés dans la boîte A, un réflexe conditionné, mécanisme bien connu depuis les travaux de Monsieur Pavlov (...).

    Une fois le réflexe « éduqué » chez les vers planaires de la boîte A (lumière = douleur), le Pr Mac Connell déconnecta totalement cette boîte de la lampe. Lorsqu'il allumait la lumière, par réflexe éduqué et non par douleur, puisqu'il n'y avait plus de décharge électrique, les vers planaires de la boîte A continuaient à se recroqueviller, alors que ceux de la boîte B ne réagissaient toujours pas. Ayant constaté le fonctionnement incontestable du réflexe conditionné, le Pr Mac Connell tua les vers de la boîte A et les donna à manger à ceux de la boîte B.

    Le plus stupéfiant se produisit alors. Après le temps nécessaire à l'assimilation de leurs congénères morts, les vers de la boîte B, qui ne réagissaient pas avant, se mirent, pour une proportion importante du groupe, à se recroqueviller lorsqu'on allumait la lumière au-dessus de leur boîte. Un message non pondéral, une mémoire avait été trasmise ! Troublant pour ne pas dire effrayant ! Car si l'on y réfléchit et afin d'élargir le propos, quel message et quelles mémoires absorbons-nous en mangeant tous ces animaux dont l'élevage n'a été que torture ? Quel message et quelles mémoires ingérons-nous, par exemple, en consommant ces fabuleux œufs produits en batteries, où pour plus de rendement, on crée quatre journées artificielles aux poules, les forçant à pondre quatre fois plus d'œufs. Elles sont « poussées » à tel point qu'elles ne vivent (si j'ose dire) que quelques semaines et meurent dans un tel état de délabrement, d'épuisement, qu'elles ne sont même plus propres à la consommation et qu'elles finissent, « au mieux » dans les farines animales ou les « bouillons cubes ». Joyeux œufs à la coque !

    Et nous nous étonnons d'être malades ! -

     

    Extraits choisis du livre : « Aux sources de la maladie, De l'écologie individuelle à l'écologie planétaire »
    de Michel ODOUL, Edition Albin Michel.

    Source : Magazine BioInfo no.110, juin 2010 - p.70.

     

       

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :